© La Gazette du Fennec
Entraînement de la boxeuse algérienne Imane Khelif à la Maison Départementale des Sports de Bazeilles dans les Ardennes (Nord de la France)
Après un direct au menton et dans un petit round de 43 secondes, la boxeuse algérienne Imane Khelif, jugée «trop masculine», a battu son adversaire italienne Angela Carini sur abandon, pour se qualifier ce 1er août en quart de finale de la catégorie des 66 kg.
«Voir une femme concourir aux Jeux olympiques avec un boxeur trans est une folie inacceptable», avait commenté la veille de ce combat, le 31 juillet, Matteo Salvini, vice-président du Conseil des ministres italien, alors que des internautes visaient l'identité sexuelle de la boxeuse.
Sur son compte X, le responsable italien a voulu répondre aux «Insultes et menaces pour avoir exprimé une opinion qui, je crois, est largement répandue parmi les Italiens».
L'athlète algérienne évoluant dans la catégorie féminine poids légers en boxe, est victime d'acharnement médiatique international depuis deux jours. La sportive est la cible d'attaques de la part de personnalités influentes qui ont ouvertement remis en question son identité sexuelle, l'accusant de se faire passer pour une femme afin de concourir dans la catégorie féminine.
Insulti e minacce per aver espresso un'opinione che credo sia largamente diffusa tra gli italiani: far competere ai Giochi Olimpici una donna con un pugile trans è una FOLLIA inaccettabile figlia dell'ipocrisia del politicamente corretto.
Lo ribadisco, senza se e senza ma. pic.twitter.com/saOLFvAjVR
- Matteo Salvini (@matteosalvinimi)
Lo ribadisco, senza se e senza ma.
Acharnement médiatique
C'est l'avocate australienne Katherine Deves Morgan qui a lancé les hostilités sur la plateforme X, en demandant aux responsables du Comité olympique international : «battre les femmes est désormais un sport de spectateurs. [...] Pourquoi les #Jeux olympiques autorisent-ils cet homme à entrer sur le ring avec une femme ?».
Son post a été vu par plus de 22 millions internautes suscitant de nombreuses réactions dont celle du milliardaire américain et propriétaire de la plateforme X Elon Musk qui a commenté «c'est fou».
🚨Beating women is now a spectator sport
We have never been more aware as a society of male violence against women
Why are the #Olympics allowing this male to enter the boxing ring with a woman? #Paris2024 @fairplaywomen pic.twitter.com/I4gKzvigJt
- Katherine Deves Morgan 🇦🇺🚺 (@deves_katherine)
We have never been more aware as a society of male violence against women
Why are the #Olympics allowing this male to enter the boxing ring with a woman? #Paris2024 @fairplaywomen
«La boxeuse trans algérienne - interdite aux championnats du monde de boxe - peut participer aux JO et affrontera notre Angela Carini», avait déjà déclaré Matteo Salvini le 30 juillet.
Injure et diffamation
Pour appuyer ses accusations contre l'athlète algérienne, Matteo Salvini avait cité le témoignage d'une boxeuse mexicaine qui avait affronté Imane Khelif : «Ses coups m'ont fait très mal, je n'ai jamais ressenti cela au cours de mes 13 années de boxe, même en combattant contre des partenaires d'entraînement masculins».
Pour le responsable italien, la qualification d'Imane est une «gifle à l'éthique du sport et à la crédibilité des JO». Son post a été vu plus de 1,1 million de fois sur X, en moins de 24 heures.
Pugile trans dell'Algeria - bandito dai mondiali di boxe - può partecipare alle Olimpiadi e affronterà la nostra Angela Carini.
Un'atleta messicana che l'aveva affrontata ha dichiarato "i suoi colpi mi hanno fatto molto male, non credo di essermi mai sentita così nei miei 13 anni... pic.twitter.com/8A0StGK4YP
- Matteo Salvini (@matteosalvinimi)
Un’atleta messicana che l’aveva affrontata ha dichiarato “i suoi colpi mi hanno fatto molto male, non credo di essermi mai sentita così nei miei 13 anni…
Le changement de sexe est interdit en Algérie ont précisé les médias algériens ayant traité cette controverse.
«Fausse propagande et comportement immoral»
Pour défendre sa boxeuse face à cette polémique, l'Algérie a réagi dans l'immédiat. Le ministre de la Jeunesse et des sports et président du Comité olympique et sportif algérien (COA) Abderrahmane Hammad a dénoncé une campagne de dénigrement menée par des parties étrangères à l'encontre d'Imane Khelif.
Le COA a condamné «fermement la fausse propagande et le comportement immoral vis-à-vis de notre championne, Iman Khelif, de certains médias étrangers. De telles attaques contre sa personne sont totalement contraires à l'éthique, d'autant plus qu'elle se prépare pour l'événement le plus important de sa carrière sportive, à savoir les Jeux Olympiques».
Le Comité algérien a affirmé avoir «pris toutes les mesures nécessaires pour protéger notre championne». Kheireddine Barbari, le président de la délégation algérienne aux JO de Paris 2024, a révélé avoir porté plainte. «Face à cette situation, je vous affirme avoir porté plainte. J'ai aussi saisi le Comité international olympique pour protéger notre boxeuse», d'après ses déclarations rapportées par la chaîne Annahar TV.
Lors du championnat du monde de boxe en mars 2023, Imane Khelif n'a pas été autorisée à disputer la finale par l'Association internationale de boxe amateur (Iba) pour des « raisons médicales », liées à la hausse du taux de testostérone au-dessus du seuil toléré.
Elle serait atteinte d'hyperandrogénie, une variation du développement humain se manifestant par des taux élevés d'hormones mâle.
«Ce sont des femmes dans leur sport, et il est établi dans ce cas que ce sont des femmes», a déclaré le 30 juillet Mark Adams, le porte-parole du CIO, lors d'une conférence de presse, sans citer le nom des athlètes concernés. Et de conclure : «Toutes les compétitrices qui participent aux JO, suivent et respectent les règles d'éligibilité.»